La souveraineté numérique est devenue un enjeu stratégique majeur en 2023. Face à la multiplication des cyberattaques émanant d’acteurs étatiques ou non-étatiques, la capacité des États à contrôler et sécuriser leurs infrastructures critiques dans le cyberespace conditionne leur souveraineté.
Selon le Clusif, le nombre d’incidents de cybersécurité a augmenté de 25% en 2023 par rapport à 20221. La sophistication croissante des attaques rend les organisations vulnérables : rançongiciels, dénis de service distribués DDOS, vols massifs de données personnelles, etc. Même des secteurs sensibles comme la santé ou l’énergie sont frappés.
L’insécurité numérique
Cette insécurité numérique met à mal la souveraineté des États. D’une part, elle facilite l’espionnage industriel ou politique au profit de puissances étrangères. D’autre part, elle peut paralyser des infrastructures critiques et mettre en danger la vie de citoyens. Par exemple, la faille Log4Shell de fin 2021 a montré la vulnérabilité des systèmes d’information de santé dans de nombreux pays.
Pour regagner leur souveraineté numérique, les États doivent à la fois durcir la sécurité de leurs infrastructures critiques et soutenir leur écosystème national de cybersécurité.
Côté infrastructures, la France a adopté fin 2022 une nouvelle doctrine cyber : la résilience. Plutôt que de miser sur une protection absolue, il s’agit de développer des mécanismes de défense en profondeur pour détecter rapidement les intrusions et rétablir rapidement des capacités opérationnelles.
Côté écosystème, de plus en plus d’États misent sur le concept de “souveraineté digitale” : ils favorisent le développement d’acteurs nationaux pour équiper leurs infrastructures (cloud, 5G, quantique…) et assurer leur sécurité (éditeurs de cyber). La France a lancé en 2023 un plan d’1 milliard d’euros pour soutenir ses pépites cybers.
Face aux menaces grandissantes dans le cyberespace, la capacité à contrôler et sécuriser le numérique est devenue un enjeu de souveraineté majeur pour les États. Ceux qui sauront allier résilience des infrastructures et écosystème national robuste en cybersécurité seront les plus à même d’assurer leur souveraineté à l’ère du numérique.